ダージリンは100年、前とても美しい街だったに違いない。繁栄を物語る街は100年間の汚れとともに静かに朽ちていくかのように見える。しかし確実に新しい風がチベットから吹いている。
私たちの旅も終わりに近づいた。
最初、私はビデオに撮られるのがとても嫌だったけれど、60歳の記録ができた。このビデオがあれば、残りの人生を幸せに送れそうな気がする。でもこのビデオを見るとすぐに旅に出たくなりそうな、元気ももらえる。ピエール、ありがとう。本当に感謝している。
彼は1日に何回も、数秒の撮影を繰り返す。乗り物の中では腕や窓でカメラを固定しながら、あとはすべて三脚を使う。何度も何度も、三脚を広げカメラを固定し、撮影が終わればカメラをはずし三脚をたたむ。遠くからの映像は、設置し回収に戻る作業がついてくる。時間があれば撮影した映像を整理し、頭でストーリーを作っている。たくさんのコマ撮りから選ばれるのはわずかだ。最後に映像をつなげながら、その地方の音楽と組み合わせる。気が遠くなるような作業だった。
おまけにビデオを作るだけでなく、バスが街に着くたびいっせいに群がる客引きを払いのけ、安くて居心地のよいホテルを探し訪ねて値段交渉する、バスの予約をするといった旅行の行程も彼がすべて面倒を見てくれていた。毎回これがピエールを悩ます大仕事だ。
私たちのコミュニケーションの基本は易しい日本語。彼の「よめをみた→夢を見た」「かんがえがきた→思いついた」「おかねがみじかくなった→お金が少なくなった」と、おかしな日本語が混じる会話と、私のわずかな英単語の羅列、あとは相手の考えていることを憶測するだけ。
言葉による意思疎通が不足する中で、ピエールは行動が拘束されることにイライラし、疲れたと思う。中国のクチャでは突然泳ぎたいと言ってタリム河に飛び込んだ。私も時に、このプロジェクトを要求したのは無理があったかという気持ちに襲われた。しかし長い旅を続けられたのは、お互いに相手の気持ちを思い図りながら折り合いをつけてきたからだと思う。
西寧のユースホステルで擦り切れた「坊ちゃん」を見つけた。旅行先で読む小説は新鮮だが、やっと見つけた日本語の小説はよりにもよって「坊ちゃん」だった。そう、まるでピエールは坊ちゃんのようだった。割り込む人に後ろにまわれと注意する、歩く先に被せてくる車にはボンネットをたたいて止まらせる、値段をふっかけてきて後で下げても絶対応じない。「真っ直ぐでよいご気性です。でも癇癪の強いのが心配です」と、時々私はまるで「清」の心境になった。
ネパールやインドでは、黄色人種には想像できない視線が白人に向けられている。ピエールは歩く先々で「What is your name」「Are you come from」と聞かれ、好意で答えていると付きまとわれ、子どもに触られ、カメラを撮っていると取り囲まれる。客引きは値段をふっかけてきた。予想以上に過酷な状況だった。
美しい景色をたくさん見た、知らない街を歩いた、激辛の鍋やモモ、ダルバットも食べた。くさい足のにおいの夜行バスにも乗った、下痢もした、風邪も引いた。「サンキューベルマニ」の荒っぽい運転手もいた。私の北京の旅もまんざら悪くはなかった。
たくさんの思い出がビデオの中に隠れている。でも誰にもできない旅はピエールの自転車の旅だったかもしれない。彼も30歳のメモリーを作った。
あと少し、超特急でインドを見たら家に帰ろう。
[Traduction]
Darjeeling devait être une très belle ville il y a cent ans. Elle semble mourir doucement avec ses souillures aujourd'hui.
Notre voyage touche à sa fin.
Au début je n'aimais pas être filmée en vidéo, mais ce sont mes souvenirs de mes soixante ans. Avec ces vidéos je pourrais vivre le reste de la vie heureusement. Mais dès que je les reverrai, je voudrais repartir tout de suite en voyage. Merci Pierre. Je te remercie vraiment.
Pierre tourne des prises de vues de quelques secondes toute la journée. Il filme avec un trépied, ou utilise son bras ou le chassis de la fenêtre quand il n'a pas le temps. Il déploie le trépied, y fixe la caméra, et après le tournage il reprend la caméra et plie le trépied plusieurs fois. Il faut parfois installer la caméra au loin et la récupérer après le tournage. Il faisait le montage quand on a du temps libre. Il tourne beaucoup de scène et n'en utilise qu'une petite partie. Puis il monte le film et choisit une musique locale. C'est un long travail.
Il a aussi organisé le voyage, en réservant les tickets de bus ou l’hôtel, en général pas cher et confortable, en repoussant les racoleurs à l'arrivée de bus. Du boulot pour lui et un peu de stress aussi.
Nous avons communiqué en petit japonais. Le japonais de Pierre est un peu bizarre. Par example «Yome(au lieu de yume) wo mita (J’ai rêvé.)», «Kangae ga kita. (J’ai une bonne idée qui est arrivé). Mon argent devient court. (Je n’ai plus beaucoup d’argent). Avec les mots anglais que je mettais bout-à-bout et un peu d'imagination, on se comprennait.
Même lorsque la communication était difficile, Pierre était patient. A Cucha en Chine il est brusquement allé nager et s’est jeté dans le fleuve Tarime. A ce moment-là, je me suis dit que c’était déraisonnable. Mais on avait nos arrangements, et nous avons pu continuer à voyager longtemps sans heurts.
A l’auberge de jeunesse de Xining, j’ai trouvé un roman en japonais «Bôchan», un célèbre roman de Soseki Natume. Ce que j’ai trouvé dans le voyage, c’était «Bôchan». Pierre était Bôchan, l’homme juste. Il ne double pas dans les queues et ne laisse pas les autres doubler. Il fait arrêter la voiture en battant son capot qui s’est rapproché vers le piéton. On dirait que j’avais le sentiment de Kiyo, la personnage de la nourrice de Bôchan en répétant ses paroles «Il a bon tempérament. Mais je suis inquiète quand il a des accès de colère.»
En Népal ou en Inde, les regards des habitants étaient durs envers les blancs. Quand on a demandé à Pierre son nom ou son origine, il a été suivi, touché par les enfants et enrouré pendant les tournages. On lui a demandé des prix exorbitant en permanence. C’était des circonstances très dures.
Nous avons vu beaucoup de beaux paysages. Nous nous sommes promenés dans des villes inconues. Nous avons gouté gyakok, les poulets piquants, et dal-bhat. Nous sommes montés dans des bus plein d'odeurs de pieds Nous avons eu la colique et attrapé des rhumes. Nous avons eu un mauvais chauffeur qui nous disait «thank you very money». Mon trajet pour Pékin n’était pas trop mal.
Il y a beaucoup de souvenirs hors de ces vidéos. Le tour en vélo de Pierre est une chose que personne n’immitera. Pierre, lui aussi, a mémorisé ses trente ans.
En ce moment je voyage en Inde très rapidement, puis je rentrerai chez moi.
[Pierre]
Ca y est : le voyage est terminé. Obasan est bien rentrée à Kyoto, elle m'a dit avoir mangé des sashimis en buvant des bières avec sa fille et son fils. De mon côté j'ai fait la fête à plusieurs morceaux de boeuf et retrouvé avec plaisir un plateau de fromage. Le DVD contenant toutes les vidéos du voyage a été expédié vers le Japon, et une fois ouvert par Obasan, je pourrais dire "mission accomplie".
La permière chose qui me vient à l'esprit en repensant à ce voyage de 4 mois (5 mois pour moi en comptant le mois passé au Japon), c'est que je n'ai jamais autant bougé. Je suis déjà parti plus longtemps mais c'est la première fois que je change d'endroit aussi souvent : en moyenne 2 jours passés dans chaque ville. Ma deuxième impression, c'est que la fin du voyage m'a bien fatigué, j'en avais marre de marchander tous les jours pour une bouteille d'eau (dont je connaissais le prix moyen), de me faire harceler par les chauffeurs de taxi et les rickshaws, du bruit permanent en ville et de n'être qu'une vache à lait aux yeux des Indiens et Népalais.
Quelques jours ont passé depuis mon retour et les bons souvenirs prennent le dessus sur la dernière impression. En voici quelque uns : revenir à Savannakhet au Laos et retrouver Hiro, Ted et Ad au Cafe Anakot, beau comme tout ; manger du sticky rice le long du Mékong à Louang Prabang ; découvrir lentement le nord du Laos en bus local, la tête à travers la fenêtre ou assis sur des sacs de riz dans l'allée ; écouter de la pop lao à en faire grésiller les hauts-parleurs ; dormir à Phou Khoun dans une chambre à la vue imprenable ; remonter le Mékong en bateau ; voir le soleil se lever au dessus des rizières de Yuanyang ; se déplacer en bus de nuit à travers la Chine ; la roulette chinoise (menu au hasard) ; boire des bières le soir avec Obasan après une longue journée dans les marchés et temples ; dormir dans une yourte aux pieds d'un 7000m ; voir le mont Everest sans un nuage dans le ciel ; traverser le pont-frontière népalo-chinois avec son sac-à-dos ; voyager sur le toit du bus au Népal ; grimper à Poon Hill pour une aube magnifique sur les Annapurnas ; Assister à la baignade des pèlerins à Vanarasi ; ...